L’Inde a rejeté un rapport de presse affirmant que le gouvernement n’a pas empêché des acheteurs européens de transférer des obus d’artillerie fabriqués en Inde à l’Ukraine. Dans un article publié jeudi par Reuters, il est allégué que des acheteurs européens ont détourné des obus d’artillerie vendus par des fabricants d’armes indiens vers l’Ukraine pendant plus d’un an, malgré les protestations répétées de Moscou.
Le ministère indien des Affaires étrangères a qualifié ce rapport de « spéculatif » et « trompeur ». Le porte-parole du ministère, Randhir Jaiswal, a écrit sur X (anciennement Twitter) que le rapport « suggère des violations de la part de l’Inde, là où il n’y en a pas, et est donc inexact et malveillant ». Il a ajouté que l’Inde a un « dossier impeccable » en matière de respect des obligations internationales en matière de non-prolifération des armes et qu’elle dispose de règles d’exportation strictes.
Le rapport de Reuters, qui cite des responsables anonymes des gouvernements et de l’industrie de la défense indiens et européens, ainsi que des données douanières, affirme que l’Inde a produit une petite quantité de munitions utilisées par l’Ukraine — estimée à moins de 1 % des importations d’armes totales de Kyiv depuis le début de la guerre avec la Russie en 2021. L’Italie et la République tchèque figurent parmi les pays européens ayant envoyé des munitions indiennes à l’Ukraine, ajoute le rapport.
Moscou n’a pas encore réagi au rapport ni à la déclaration de l’Inde. Le rapport indique que la Russie aurait soulevé la question avec l’Inde à au moins deux reprises, notamment lors d’une réunion entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays en juillet.
Les réglementations indiennes sur l’exportation d’armes interdisent le transfert non autorisé de celles-ci à des tiers, et toute violation de ces règles pourrait compromettre les ventes futures. En mai, l’Inde a annoncé un renforcement des règles d’exportation, exigeant des acheteurs qu’ils garantissent que les armes ne seront pas envoyées à des pays tiers.
L’Inde a jusqu’à présent évité de critiquer directement la Russie pour la guerre, ce qui a déplu aux puissances occidentales. Toutefois, l’Inde a souvent souligné l’importance du respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des nations, tout en prônant la diplomatie et le dialogue pour mettre fin au conflit.
L’Inde et la Russie entretiennent traditionnellement des relations étroites, et Moscou reste un partenaire commercial et de défense important pour New Delhi, malgré les sanctions occidentales contre la Russie. L’année dernière, la Russie était le principal fournisseur de pétrole de l’Inde, et dans le secteur de la défense, elle continue de fournir plus de 60 % des besoins indiens.
Bien que le Premier ministre Narendra Modi se soit abstenu de critiquer directement la Russie, ses liens étroits avec Moscou ont suscité des inquiétudes en Occident. Lors d’une visite en Russie en juillet, après sa réélection, Modi a qualifié le président Vladimir Poutine de « cher ami », ce qui a suscité la désapprobation du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Zelensky a exprimé sa déception, déclarant qu’il était « attristé de voir le leader de la plus grande démocratie du monde embrasser le criminel le plus sanglant de Moscou ».
Quelques semaines plus tard, Modi a visité l’Ukraine et a tenu des discussions avec Zelensky, un geste que les analystes ont interprété comme étant conforme à la politique traditionnelle de non-alignement de l’Inde dans la géopolitique mondiale.